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Petit bilan à chaud de Coléoptères inventoriés

Les prospections actives ont été orientées sur deux grands groupes de Coléoptères : les espèces saproxyliques et les espèces terricoles.

Les méthodes employées, en dehors des pièges installés à Campo di Bonza, ont été très classiques : recherche à vue sur les fleurs, sous les pierres, sur les arbres morts, de jour comme de nuit complété par du battage et fauchage de la végétation.

Fabien Soldati en action, à la recherche des Coléoptère saproxyliques sur une chandelle de hêtre  © MNHN - J. Touroult Fabien Soldati en action, à la recherche des Coléoptère saproxyliques sur une chandelle de hêtre © MNHN - J. Touroult

Les collègues de la mission nous ont également transmis leurs captures, souvent complémentaires aux nôtres.

Les pièges lumineux de nos amis lépidoptéristes ont permis des collectes complémentaires de Coléoptères  © MNHN - J. Touroult Les pièges lumineux de nos amis lépidoptéristes ont permis des collectes complémentaires de Coléoptères © MNHN - J. Touroult
Le tri des spécimens a été effectué chaque jour, en isolant les spécimens destinés au code-barres ADN et ceux nécessitant d’être déterminés ultérieurement © MNHN - J. Touroult Le tri des spécimens a été effectué chaque jour, en isolant les spécimens destinés au code-barres ADN et ceux nécessitant d’être déterminés ultérieurement © MNHN - J. Touroult

Au total, à l’issue du terrain, 800 données de Coléoptères ont déjà été bancarisées et 285 spécimens ont fait l’objet d’un prélèvement de patte pour le code-barres ADN totalisant 160 espèces.

Le rituel Carnat : saisie des données sur le terrain et au laboratoire  © MNHN - J. Touroult Le rituel Carnat : saisie des données sur le terrain et au laboratoire © MNHN - J. Touroult

Quelques espèces rares ou remarquables

  • Sphinctotropis corsica T. A. Marshall, 1902 (Anthribidae)

Espèce très rare, strictement endémique de Corse, longtemps connue que de données historiques et récemment retrouvée. Connue de seulement 3 localités : forêt de Vizzavona, Ota et Tavera (Bouyon, 2014). Trois individus observés à Campu di Bonza (JT), sur troncs d’Aulnes morts, pendant la pose des pièges (7/10 juin) et un exemplaire de nuit, pendant la mission.

L’Anthibide de Corse, sur tronc d’aulne, à Serra-di-Scopamène  © MNHN - J. Touroult L’Anthibide de Corse, sur tronc d’aulne, à Serra-di-Scopamène © MNHN - J. Touroult
  • Laemostenus venustus (Dejean, 1828) (Carabidae)

Toujours rare, dans les cavités des vieux feuillus, principalement des chênes. Trois individus récoltés à Campu di Bonza et dans la junipéraie de Tartagine (FS).

Carabique Laemostenus venustus, spécimen destiné au barre-codes ADN  © MNHN - J. Touroult Carabique Laemostenus venustus, spécimen destiné au barre-codes ADN © MNHN - J. Touroult
  • Opilo orocastaneus Zappi & Pantaleoni, 2010 (Cleridae)

Espèce considérée comme très rare, endémique corso-sarde, récemment décrite et encore plus récemment découverte en Corse (Soldati et al., 2013). Nous l’avons observée dans plusieurs localités (FS & JT), aussi bien dans l’Alta Rocca que dans la Tartagine. Un article complémentaire (Bouyon & Coache, 2013) ainsi que des spécimens étudiés provenant d’autres localités corses tendent à montrer que l’espèce est répandue dans l’île, au moins dans la montagne corse.

Opilo orocastaneus, cléride trouvé à de nombreuses reprises lors de l’expédition © MNHN - J. Touroult Opilo orocastaneus, cléride trouvé à de nombreuses reprises lors de l’expédition © MNHN - J. Touroult
  • Tillus elongatus (Linnaeus, 1758) (Cleridae)

Espèce saproxylique, prédatrice, peu abondante mais largement répandue en France continentale. Un individu a été collecté à Ponte di Valpine (JT), sur hêtre. Sur les 1100 données disponibles sur cette espèce dans l’INPN, il n’y a actuellement aucune observation en Corse. Sans exclure des mentions dans la littérature et la présence dans les collections, cette espèce apparaît comme méconnue en Corse.

Tillus elongatus, cléride très peu connu de Corse  © MNHN - J. Touroult Tillus elongatus, cléride très peu connu de Corse © MNHN - J. Touroult
  • Tilloidea transversalis (Charpentier, 1825) (Cleridae)

Rare espèce se rencontrant sur les Carduacées et uniquement connue, en France, de Corse et des Pyrénées-Orientales (Canet) (Brustel, 2014). Plusieurs individus observés sur les deux sites de Tartagine (FS & JT).

Tilloidea transversalis, couple sur une fleur de chardon  © MNHN - J. Touroult Tilloidea transversalis, couple sur une fleur de chardon © MNHN - J. Touroult
  • Netocia sardea (Gory & Percheron, 1833) (Cetoniidae)

Rare espèce se rencontrant sur les Carduacées et uniquement connue, en France, de quelques localités isolées de Corse. Endémique des 3 principales îles tyrrhéniennes : Corse, Sardaigne et Sicile. Cinq individus ont été observés dans la zone de la junipéraie de Tartagine (FS & JT), ce qui est fait une espèce peu abondante si on met ce chiffre en relation avec d’autres espèces de cétoines observées par dizaines.

Netocia sardea, cétoine d’un bleu obscur, une des cétoines les plus rares d’Europe de l’Ouest  © MNHN - J. Touroult Netocia sardea, cétoine d’un bleu obscur, une des cétoines les plus rares d’Europe de l’Ouest © MNHN - J. Touroult
  • Peltis grossa (Linnaeus, 1758) (Trogossitidae)

Espèce rare et localisée, caractéristique des vieilles sapinières mâtures avec une forte densité de gros bois mort, uniquement connue des Pyrénées, du Cantal et de Corse (Brustel, 2014). Six individus ont été rencontrés sous les écorces de grosses chandelles ensoleillées de Sapin pectiné portant le Polypore Fomitopsis pinicola, dans la sapinière de Samulaghia (FS & JT). C’est à notre connaissance seulement la 2e observation récente de l’espèce en Corse après celle de la sapinière de la Punta d’Ovace, dans la Montagne de Cagna.

Peltis grossa, spécimen destiné au barre-codes ADN  © MNHN - J. Touroult Peltis grossa, spécimen destiné au barre-codes ADN © MNHN - J. Touroult

Au vu de ces premières identifications, on retiendra également l’observation de 24 taxons (essentiellement espèces) strictement endémiques corso-sardes. Les endémiques strictes de Corse contactés sont : Sphinctotropis corsica (Anthribidae) ; Buprestis octoguttata ssp. corsica (Buprestidae) ; Percus corsicus, P. reichei et Pterostichus ambiguus (Carabidae) ; Lampyris lareynii (Lampyridae) ; Anoxia matudinalis ssp. corsicana, Triodontella cribellata (Scarabaeidae) ; Asida carinata, A. carinata ssp. lepidoptera, Euboeus superbus et Opatrum grenieri (Tenebrionidae).

On peut également noter la présence dans les deux sites du charançon introduit, Rhynchophorus ferrugineus (Olivier, 1791), ravageur des palmiers. Ceci est surprenant car il a été contacté en milieu naturel en Tartagine et dans un village apparemment sans palmier à Serra-di-Scopamène.

Rhynchophore du palmier, espèce exotique en expansion  © MNHN - J. Touroult Rhynchophore du palmier, espèce exotique en expansion © MNHN - J. Touroult

F. Soldati et J. Touroult.