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La plongée au recycleur

Tout le monde a vu des images des plongeurs qui font des bulles, mais peu en ont déduit qu’une bonne partie de l’air des bouteilles était finalement … perdu !

Factuellement, l’air que nous inspirons contient 79% d’azote dont nous ne faisons rien (et qui peut même générer des incidents voire accidents de plongée), et 21 % d’oxygène qui sert à alimenter nos cellules, mais l’air que nous expirons contient encore 17% d’oxygène (et les 79% d’azote, du dioxyde de carbone CO2, de la vapeur d’eau…etc) ! Donc nous n’utilisons habituellement qu’environ 1/5 de l’air transporté dans les bouteilles.

Le principe de base du recycleur est de récupérer l’air expiré dans un sac (le faux poumon), de le faire passer sur des granules de chaux pour en enlever le CO2 (qui, en teneur trop élevée cause essoufflement et maux de tête), de lui réinjecter un tout petit peu d’oxygène (les 4% consommés au ‘tour précédent’)… et de nous le redonner à respirer. Ce qui permet de n’emmener que très peu d’air puisque l’azote ‘tourne’ indéfiniment) et peu d’oxygène (donc 2 bouteilles, mais 5 fois plus petites !) tout en multipliant l’autonomie.

Par ailleurs, les recycleurs à gestion électronique savent mesurer en continu la teneur en oxygène du mélange respiré et, selon les desiderata du plongeur augmenter cette teneur, ce qui a pour effet de diminuer la proportion d’azote, et donc le risque d’accident évoqué précédemment ainsi que la durée des paliers de décompression.

Remontée des récoltes à vue  © José Utge / MNHN Remontée des récoltes à vue © José Utge / MNHN
En route pour une aspiration de sédiments, notez l'absence de bulles pour le plongeur équipé en recycleur En route pour une aspiration de sédiments, notez l'absence de bulles pour le plongeur équipé en recycleur © José Utge / MNHN
Récolte à vue de spécimens © José Utge / MNHN Récolte à vue de spécimens © José Utge / MNHN

Durant l'expédition, une plongée dure une heure avec un temps de collecte en vrac (aspiration de sédiments sur le substrat) de 10 à 20 minutes, 20, 25 minutes de collecte à vue durant la remontée et un temps de palier de décompression d'environ 10 minutes. Sachant que le matériel est préparé la veille, qu'il y a un temps de chargement de ce dernier, le transport jusqu'au port d'attache du jour, le temps d'aller sur site, d'en revenir… Le tout donne une demi-journée consacrée pour chaque plongée.

Ainsi donc, à raison de deux plongées quotidiennes (avec rotations de plongeurs) durant les trois semaines de la mission, on peut affirmer que la plongée professionnelle de « La Planète Revisitée » relève autant de la performance sportive que d'un travail scientifique rigoureux et strictement réglementé.

Acheminement du matériel sous les yeux d'une foule pélagique à peine curieuse Acheminement du matériel sous les yeux d'une foule pélagique à peine curieuse © José Utge / MNHN
Outre le matériel de récolte, les plongeurs ont une lampe et parfois leur matériel de prise de vues  © José Utge / MNHN Outre le matériel de récolte, les plongeurs ont une lampe et parfois leur matériel de prise de vues © José Utge / MNHN

Emmanuel Vassard et Michaël Rabiller.