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Révéler les invisibles

Dans tous les environnements, en plus des animaux, plantes, algues et autres êtres vivants visibles à l'œil nu, il existe une énorme diversité d'organismes si petits qu'il faut un microscope pour les voir. Ces invisibles font moins de un dixième de millimètre, on les appelle des micro-organismes. L'environnement marin ne fait pas exception : chaque goutte d'eau de mer contient des millions de ces micro-organismes que sont les bactéries, les champignons et les virus, qui peuvent vivre libres dans l'eau ou associés à d'autres organismes plus gros. Même si quelques bactéries peuvent engendrer des maladies, la plupart d'entre elles sont bénéfiques pour les organismes qui les hébergent.

Trois chercheurs microbiologistes ont rejoint l'équipe de l'expédition "La Planète revisitée" pour dénicher les micro-organismes associés aux différentes espèces récoltées lors de la mission. Tristan Barbeyron et François Thomas, chercheurs CNRS à la Station Biologique de Roscoff, s'intéressent tout particulièrement aux bactéries vivant sur les algues marines, tandis qu'Eric Duchaud, chercheur à l'INRA de Jouy-en-Josas, étudie plus spécifiquement les bactéries pathogènes d'animaux marins. 

A chaque retour de récolte, une chaine de travail bien rodée s'est mise en place pour partir à la chasse aux bactéries. Les experts botanistes et zoologues de la mission identifient les algues et animaux. Les microbiologistes grattent alors leur surface avec un écouvillon stérile (une sorte de coton tige) pour en détacher les bactéries. Ils les cultivent ensuite sur des milieux de culture en boite de Pétri. Après quelques jours, si la chasse est fructueuse, ils peuvent observer l'apparition d'amas de bactéries sur les boites, appelés colonies.

Le microbiologiste François Thomas (au centre) en discussion avec Fanny Lepareur et Line Le Gall pour l'identification d'une algue avant prélèvement bactérien Le microbiologiste François Thomas (au centre) en discussion avec Fanny Lepareur et Line Le Gall pour l'identification d'une algue avant prélèvement bactérien © MNHN - T. Barbeyron
Tristan Barbeyron (à gauche) et Eric Duchaud (à droite) prélèvent les bactéries avec un écouvillon à l'abri d'un bec bunsen avant de les mettre en culture sur une boite de Pétri Tristan Barbeyron (à gauche) et Eric Duchaud (à droite) prélèvent les bactéries avec un écouvillon à l'abri d'un bec bunsen avant de les mettre en culture sur une boite de Pétri © MNHN - T. Barbeyron
François Thomas observe à la loupe binoculaire les colonies obtenues sur boite de Pétri © MNHN - E. Duchaud François Thomas observe à la loupe binoculaire les colonies obtenues sur boite de Pétri © MNHN - E. Duchaud

Depuis son arrivée, l'équipe de microbiologie a pu échantillonner plus d'une centaine d'organismes marins différents, dont des algues, des poissons, des éponges, des méduses, des crabes et des mollusques. Le travail a déjà été récompensé par l'observation de colonies obtenues à partir de divers organismes. De retour dans leur laboratoire, les chercheurs devront isoler, caractériser et identifier en détail ces nouvelles bactéries corses. Ce n'est que le début de l'histoire !

Après trois jours de culture, des colonies sont apparues sur les boites qui avait été ensemencées à partir de l'algue rouge Peyssonnelia (à gauche) et du gastéropode Janthina janthina (à droite) Après trois jours de culture, des colonies sont apparues sur les boites qui avait été ensemencées à partir de l'algue rouge Peyssonnelia (à gauche) et du gastéropode Janthina janthina (à droite) © MNHN - T. Barbeyron et E. Duchaud