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Le destin d'une oreille, utile pour la science

Non, nous ne sommes pas tombés sur la tête en ouvrant notre carnet de bord à une rubrique s'adressant aux oto-rhino-laryngologistes. L'oreille dont vous allez suivre les pérégrinations depuis ce matin, n'est autre que l'oreille de Saint-Pierre, ancienne appellation populaire de l'ormeau, espèce décrite dès 1758 par Linné comme suit : Haliotis tuberculata.

Spécimen d'ormeau récolté au « Danger du Toro », à 700 mètres de l'îlot du Toro (Îles Cerbicales) Spécimen d'ormeau récolté au « Danger du Toro », à 700 mètres de l'îlot du Toro (Îles Cerbicales) © Benoit Gouillieux / MNHN
Spécimen localisé lors de l'échantillonnage à vue des plongeurs Spécimen localisé lors de l'échantillonnage à vue des plongeurs © Benoit Gouillieux / MNHN
Spécimen mis en flacon pendant la plongée © Benoit Gouillieux / MNHN Spécimen mis en flacon pendant la plongée © Benoit Gouillieux / MNHN
A son arrivée sur la base scientifique, l'ormeau est isolé dans un flacon A son arrivée sur la base scientifique, l'ormeau est isolé dans un flacon © Michaël Rabiller / MNHN
L'équipe rajoute le code de la station où il a été collecté et dont les coordonnées géographiques ont déjà été intégrées dans l'application professionnelle « CarNat » de l'UMS Patrinat L'équipe rajoute le code de la station où il a été collecté et dont les coordonnées géographiques ont déjà été intégrées dans l'application professionnelle « CarNat » de l'UMS Patrinat © Michaël Rabiller / MNHN
Identification de l'espèce confirmée par l'un des experts en malacologie Identification de l'espèce confirmée par l'un des experts en malacologie © Michaël Rabiller / MNHN
L'ormeau déposé en attendant d'être photographié L'ormeau déposé en attendant d'être photographié © Michaël Rabiller / MNHN
L'ormeau est photographié vivant L'ormeau est photographié vivant © Michaël Rabiller / MNHN
Photographie des parties molles de l'ormeau Photographie des parties molles de l'ormeau © Michaël Rabiller / MNHN
Prélèvement de tissu pour le séquençage de l'ormeau Prélèvement de tissu pour le séquençage de l'ormeau © Michaël Rabiller / MNHN
Le prélèvement est mis dans une plaque Matrix, et sera séquencé en laboratoire © Michaël Rabiller / MNHN Le prélèvement est mis dans une plaque Matrix, et sera séquencé en laboratoire © Michaël Rabiller / MNHN

Connue des côtes de France, la population méditerranéenne présente quelques différences morphologiques par rapport à sa cousine atlantique. La coquille de la première est un plus petite que la seconde et présente un aspect plus lamelleux.

Ces différences lui ont valu d'être décrite comme une espèce à part entière par Lamarck en 1822 : Haliotis lamellosa.

De nos jours, son statut d'espèce a été remis en question et elle est plutôt considérée comme une sous-espèce méditerranéenne: Haliotis tuberculata lamellosa.L'outil génétique semble alors le plus approprié pour pouvoir trancher la question, mais Haliotis tuberculata n'a pas encore fait l'objet d'un suivi géographique continu dans ce domaine. Le spécimen récolté en plongée ce matin et arrivé à 15h sur la base scientifique de « La Planète Revisitée » va donc faire l'objet d'un prélèvement de tissus à fins d'études génétiques, contribuant, avec d'autres, à éclairer la question problématique du rang taxonomique (espèce, sous-espèce, variété) de l'ormeau « lamelleux ».

Michaël Rabiller.