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Module terrestre 2020 Agriate, Saint-Florent, Cap Corse au programme de juin

Après la reconnaissance de terrain du mois de mars, le covid-19 a contrarié les plans de l'expédition "La Planète Revisitée" en Corse. La mission terrestre d'une vingtaine d'experts qui devait avoir lieu en mai-juin 2020 a été reportée à 2021. À la place, deux petits modules ont été prévus, l'un en juin, l'autre à l'automne, sous réserve de l’amélioration de la situation sanitaire...

Les Strette de Saint-Florent, relief calcaire ciblé dans le programme 2020 © J. Touroult / OFB Les Strette de Saint-Florent, relief calcaire ciblé dans le programme 2020 © J. Touroult / OFB

Après beaucoup de suspens et peu de préparation, une petite équipe de six entomologistes (Marie Canut, François Dusoulier, Thomas Lebard, Romain Le Divelec, Julien Piolain et Julien Touroult) s'est finalement retrouvée dans un camp de base situé dans l'Agriate, pour une dizaine de jours de prospections entre le 13 et le 27 juin. Cette période se situe à la fin du pic de diversité à basse altitude.

L’équipe de mission de juin 2020, dans l’Agriate  © Sabine / Relais de Saleccia L’équipe de mission de juin 2020, dans l’Agriate © Sabine / Relais de Saleccia

Au menu, des prospections ciblées, actives, pour inventorier les Diptères Syrphidae, les Coléoptères, les Hyménoptères apoïdes, les Hémiptères, les Lépidoptères et quelques autres groupes par la même occasion.

L'objectif : générer un inventaire d'ampleur des sites étudiés, avec des données précises, géoréférencées, associées à des spécimens destinés aux collections du Muséum national d'Histoire naturelle et à des barre-codes ADN (CO1) disponible dans BOLD, système mondial public de référence dans ce domaine. Une fois toutes les déterminations effectuées, toutes les données sont précisément partagées avec l’ensemble des acteurs dans le système de l’inventaire national du patrimoine naturel, consultables notamment via le requêteur national OpenObs.

La vallée de l'Aliso, avec la ripisylve et ses prairies de fauche, constitue une zone particulière riche d'un point de vue entomologique La vallée de l'Aliso, avec la ripisylve et ses prairies de fauche, constitue une zone particulière riche d'un point de vue entomologique © J. Touroult / OFB
Quelques assiettes colorées viennent compléter les collectes actives de guêpes, abeilles et mouches  © J. Touroult / OFB Quelques assiettes colorées viennent compléter les collectes actives de guêpes, abeilles et mouches © J. Touroult / OFB

Les soirées ont été studieuses : piège lumineux depuis le gîte, conditionnement et détermination du matériel collecté dans la journée, prélèvement de pattes pour séquençage, saisie des collectes dans les tableurs associés et mise au propres des stations sur CardObs, l'outil naturaliste « expert » utilisé pour ces missions.

Piège lumineux installé dans le gîte toutes les nuits pendant la mission © F. Dusoulier / MNHN Piège lumineux installé dans le gîte toutes les nuits pendant la mission © F. Dusoulier / MNHN
Installation du laboratoire pour le traitement des échantillons de la journée  © F. Dusoulier / MNHN Installation du laboratoire pour le traitement des échantillons de la journée © F. Dusoulier / MNHN
Échantillons de punaises destinés au séquençage, avec leur identifiant unique © F. Dusoulier / MNHN Échantillons de punaises destinés au séquençage, avec leur identifiant unique © F. Dusoulier / MNHN

De nombreux collègues gestionnaires et experts nous ont accompagné sur le terrain (OEC/OCIC, CBNC, OFB, Conservatoire du littoral) et nous ont fait profiter de leur expérience des sites, permettant de découvrir de nouveaux biotopes favorables aux prospections entomologiques.

Scarabaeus semipunctatus, une des nombreuses espèces de bousiers observées dans l'Agriate, secteur riche et préservé pour sa faune de coprophage et nécrophage associée Scarabaeus semipunctatus, une des nombreuses espèces de bousiers observées dans l'Agriate, secteur riche et préservé pour sa faune de coprophage et nécrophage associée © J. Touroult / OFB

Le premier bilan « à chaud » est très positif :

1/- une forte diversité spécifique dans les récoltes, avec environ 800 espèces déjà déterminées, et encore beaucoup à venir, identifiées et saisies dans la base de données commune. Plusieurs espèces a priori nouvelles pour la science – détectées en 2019 – ont été capturées de nouveau lors de la mission ;

2/- de belles densités et quantités d’insectes présents sur le terrain et dans les pièges, correspondant au pic d’abondance de la fin du printemps dans le bas de la zone méditerranéenne. Ces récoltes et observations constituent déjà un corpus de plus de 4 000 données en fin de mission (d’autres viendront les compléter) ;

3/- de nouveaux signalements et découvertes faunistiques pour la Corse, notamment pour les Syrphidae ;

4/- une forte proportion d’espèces prélevées pour la première fois pour le séquençage. Six plaques sont déjà complétées pour le barcoding, soit 570 spécimens ;

5/- enfin, une très bonne dynamique d'équipe sur le terrain ou au laboratoire, et des rencontres avec des naturalistes et partenaires locaux motivés.

Xanthochilus douglasi, punaise endémique tyrrhénienne, pour laquelle plusieurs stations nouvelles ont été détectées  © F. Dusoulier / MNHN Xanthochilus douglasi, punaise endémique tyrrhénienne, pour laquelle plusieurs stations nouvelles ont été détectées © F. Dusoulier / MNHN