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Plonger en expédition scientifique

La plongée en expédition MNHN commence bien avant le départ, non seulement par la déclinaison pratique du programme scientifique, mais aussi la préparation logistique spécifique, et notamment subaquatique.

Tonalité

Même s’il arrive de compléter l’équipement ou se faire dépanner avec les ressources locales, l’essentiel de notre matériel en plongée (hormis les équipements individuels) nécessite d’être amené depuis la métropole. Le moindre raccord manquant peut compromettre toute la stratégie de collecte.

Par ailleurs, toute l’organisation de la sécurité des plongeurs (manuel de sécurité hyperbare, organisation locale des secours, qualifications et aptitude des scaphandriers*, vérification de conformité du matériel, etc …) est validée est amont de la mission.

* (Les plongeurs qui travaillent ou interviennent sous l’eau, en dehors de la filière ‘sports et loisirs’, sont qualifiés de ‘scaphandriers’)

Orchestration

Ensuite l’analyse des cartes de la zone cible permet d’établir un plan de principe d’adaptation aux conditions de mer et des dispositions logistiques (transport matériel et plongeurs, récupération biquotidienne des prélèvements, …), la consultation des bases de données ou des professionnels locaux conduit au choix des fonds (profondeur, topologie, substrats, …) qui vont permettre les collectes pertinentes.

Composition

La veille des journées de plongée, le Chef d’Opérations Hyperbares (COH) valide les sites cibles, constitue les palanquées (2 ou 3 plongeurs) et fixe les paramètres de plongée, pour que chacun connaisse son organisation de la journée, ses équipiers et les taches qui lui sont assignées, afin de préparer les équipements. Chacun étant responsabilisé, le départ du matin n’est, dès lors, qu’un ballet bien huilé où, hormis les réveils difficiles et les inévitables petits aléas matériels ou météos de dernière minute, tous participent à la logistique jusqu’au site de plongée.

Une partie du matériel des plongeurs © Benoit Gouillieux / MNHN Une partie du matériel des plongeurs © Benoit Gouillieux / MNHN

A l’arrivée sur site, la vérification au sondeur permet de valider la position de la plongée, mais il faut la plupart du temps mettre à l’eau tout l’équipement et descendre avec sur le fond pour constater si le substrat est bien compatible au moyen de récolte… ou pas ! (auquel cas le matériel est ‘laissé’ au fond le temps d’une collecte à vue classique, et remonté vide en fin de plongée ; il est exceptionnel qu’on remonte immédiatement pour changer de site, car c’est extrêmement chronophage, voire pénalisant, et non pertinent pour l’efficacité de collecte)

Descente d'un plongeur sur le site d'échantillonnage Descente d'un plongeur sur le site d'échantillonnage © José Utge / MNHN

Pour l’aspirateur, une fois raccordés les éléments, (bouteille d’alimentation, flexible moyenne pression, tube de dépression, filet de collecte), un plongeur choisit à vue les meilleurs endroits pour aspirer, et l’autre le suit pour déplacer la bouteille. Usuellement les rôles s’inversent quand la première bouteille est vide et qu’on met en place la seconde. Quand il n’y a plus assez d’air pour alimenter l’aspirateur, tout est démonté, et fixé en chapelet sur une corde pour la remontée. Selon l’air restant aux plongeurs et le temps restant vis-à-vis des paramètres fixés au préalable, la plongée se finit par une séquence de récolte à vue.

Préparation pour l'aspiration des sédiments Préparation pour l'aspiration des sédiments © José Utge / MNHN

Pour le brossage, le panier est descendu complètement monté, et une fois posé au meilleur endroit (ce qui peut nécessiter quelques efforts de palmage pour le trouver…), le brosseur reste posté au-dessus du panier tandis que son équipier récolte les blocs rocheux autour et lui amène. Là aussi, les rôles peuvent s’inverser en cours de plongée ; il est peu fréquent qu’il reste du temps pour la récolte à vue.

Brossage d'une paroi en duo Brossage d'une paroi en duo © José Utge / MNHN

En fin de plongée, les pilotes d’embarcation et/ou équipiers restés en sécurité surface remontent les équipements à bord et s’empressent d’étiqueter précisément les échantillons selon la codification de l’expédition (voir par ailleurs), de les placer en contenant isotherme, puis aident les palanquées à réembarquer.

S’ensuit une navigation vers le point de rendez-vous avec l’équipe logistique, un échange standard pour des bouteilles pleines et une glacière vide, pour de nouveaux prélèvements… et un pique-nique bien mérité, avant de rejouer une variation de la même composition l’après-midi.

Le retour sur base du soir ne signifie pas la fin de journée ; il faut encore rincer et ranger tout le matériel, remplir l’ensemble des bouteilles pour le lendemain, rendre compte de la position exacte et des paramètres (profondeurs, substrats, …) des collectes de la journée, … et valider la préparation des opérations du lendemain.

 

Le recylceur, un matériel de poids (26kg) Le recylceur, un matériel de poids (26kg) © Michaël Rabiller / MNHN

Emmanuel Vassard.