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Le tri à l’œil nu : tout dépend des milieux

Les opérations de tri à l’œil nu ne sont pas inconnues de ceux qui suivent régulièrement les expéditions de La Planète Revisitée via les carnets de bord. Cette étape de traitement des organismes a déjà fait l'objet de descriptions détaillées, y compris en vidéo, sur le blog de l'expédition Madibenthos (cliquez ici pour voir la vidéo).

 

Cependant, il y a encore à dire sur ce travail de précision qui demande une concentration équivalente à celle nécessaire au tri des fractions légères sous les binoculaires. A l'issu du tamisage, les bacs à trier témoignent des milieux de vie prospectés. Les organismes sont extraits de débris de coquilles et de sédiments grossiers, de posidonies ou encore d'éléments coralligènes.

Pour l 'équipe de tri à l’œil nu, tous les milieux ne se valent pas en termes de recherche d'organismes, comme en témoignent ces diverses réflexions :

Cuvettes de posidonies à trier © Michaël Rabiller / MNHN Cuvettes de posidonies à trier © Michaël Rabiller / MNHN

Trier une cuvette emplie de posidonies : passées sous le jet d'eau au poste de tamisage, il faut inspecter chaque feuille. Sur le dessus, peu d'organismes, dessous quelques spécimens peuvent s'accrocher, mais au final, beaucoup de temps passés pour un nombre restreint de spécimens, la posidonie ne figure pas dans les milieux préférés de l'équipe de tri.

Tri de sable et débris coquillers © Michaël Rabiller / MNHN Tri de sable et débris coquillers © Michaël Rabiller / MNHN

Les sables coquillers, avec débris coquillers : on y trouve beaucoup de valves complètes ou non, de bivalves morts. Chaque intérieur de ces coquilles doit être inspecté scrupuleusement car certains mollusques s'y réfugient et s'y accrochent comme une arapède à son rocher, notamment les membres de la famille des Calyptraeidae. De même les pagures (bernard- l'ermites) s'installent à l'intérieur de coquilles de gastéropodes, y compris celles qui sont abimées ou incomplètes : ce sont des milieux riches en spécimens et agréables à trier.

Tri du milieu algal © Michaël Rabiller / MNHN Tri du milieu algal © Michaël Rabiller / MNHN

L'échantillonnage par aspiration d'algues sur roches : on se retrouve avec des cuvettes contenant beaucoup d'algues et débris d'algues aspirés, très enchevêtrés. Le tri nécessite donc 2 pinces pour démêler les composantes algales : ce sont des opérations chronophages et délicates car les organismes qui s'y trouvent peuvent être très fragiles.

Débris grossiers issus de la drague CD 80 © Michaël Rabiller / MNHN Débris grossiers issus de la drague CD 80 © Michaël Rabiller / MNHN

Gros cailloux, blocs : on y trouve de gros échinodermes et autres groupes d'espèces qui doivent d'être auscultés pour y chercher des parasites, on accède parfois à des contenus stomacaux. On trouve beaucoup d'organismes accrochés aux gros blocs et qu'il faut tantôt décrocher, tantôt laisser sur leur support pour les garder intacts.

Paniers de brossage, issus de blocs et parois rocheux : on y trouve énormément d'individus vivants, les débris recèlent de nombreux spécimens. C'est un milieu riche et agréable à trier, car on y entrevoit une biodiversité florissante. Des cuvettes prisées des trieurs…

Michaël Rabiller et Fanny Lepareur.