5473

La Planète Revisitée au service de la Réserve naturelle des Bouches de Bonifacio

L’intérêt naturaliste des Bucchi di Bunifaziu (Bouches de Bonifacio) a été mis en évidence, dans les années 1960, lors de premières missions océanographiques. En 1966 la « mission Bourlière » proposait au Conseil Général de la Corse de prendre des mesures pour protéger la flore et l’avifaune des archipels des Lavezzi et des Cerbicale. Les mêmes auteurs préconisaient également la création d’une réserve marine dans les Bucchi di Bunifaziu en raison « de la position clé qu’elles occupent au niveau du carrefour biogéographique que représente le détroit corso-sarde ».

En 1981 et en 1982, deux réserves naturelles, celle des îles Cerbicale et celle des îles Lavezzi sont créées.  De leur côté, en 1982, n’oublions pas les pêcheurs corses en accord avec les autorités maritimes instaurent les cantonnements de pêche de Purtivechju (1 512 ha) et de Bunifaziu (1 220 ha). Plus tard, en 1992 et en 1994, les îlots des Bruzzi et Monaci ainsi que leurs zones marines environnantes sont protégés par des arrêtés de biotopes et le Conservatoire du littoral acquiert plus de 4 000 ha sur les rivages des communes de Purtivechju, Bunifaziu, Figari, Pianottuli-Caldareddu et Monaccia d’Auddè. 

Créée par le décret du 23 septembre 1999, la Riserva Nuturali di i Bucchi di Bunifaziu RNBB prend naissance le long du rivage situé au droit des îles des Monaci et termine à la pointe de la Chiappa à l’entrée du golfe de Porto-Vecchio. Elle s’étend ainsi sur près de 80 000 ha entre la Corse et la Sardaigne, englobant les deux premières réserves naturelles des îles Cerbicale et des îles Lavezzi datant des années 1981 et 1982. Le décret de création de la Réserve Naturelle s’appuie sur ces dispositions de droit commun pour considérer la conservation des valeurs naturelles comme un objectif primordial.

Dans un paysage de falaises calcaires et de chaos granitiques, le site abrite 37 % des espèces remarquables de Méditerranée. C’est une Aire Spécialement Protégée d’Intérêt Méditerranéen reconnue par la convention de Barcelone en raison de la richesse des habitats naturels et des espèces végétales ou animales qu’elle abrite mais aussi de sa gestion conservatoire exemplaire.

Faille avec des gorgones pourpres Paramuricea clavata et jaunes Eunicella cavolini © Thibaut de Bettignies / MNHN Faille avec des gorgones pourpres Paramuricea clavata et jaunes Eunicella cavolini © Thibaut de Bettignies / MNHN
Tête de roche recouverte de végétation algale © Thibaut de Bettignies / MNHN Tête de roche recouverte de végétation algale © Thibaut de Bettignies / MNHN
Herbier de posidonies aux abords d’un tombant rocheux, avec en premier plan des Codium bursa © Thibaut de Bettignies / MNHN Herbier de posidonies aux abords d’un tombant rocheux, avec en premier plan des Codium bursa © Thibaut de Bettignies / MNHN
Surplomb couvert d’anémones encroûtantes  © Thibaut de Bettignies / MNHN Surplomb couvert d’anémones encroûtantes © Thibaut de Bettignies / MNHN

Les compétences et les responsabilités sont clairement définies avec un Comité Consultatif et un Conseil Scientifique qui se prononcent notamment sur les mesures de gestion de la réserve naturelle. L’Office de l’Environnement de la Corse, sous tutelle de la Collectivité de Corse, a été nommé gestionnaire, et le service Espaces Protégés de l’OEC en assure directement la gestion. La RNBB dispose d’un plan de gestion destiné à assurer la conservation du patrimoine naturel et de la biodiversité de la réserve, appuyé sur une évaluation scientifique assurée par les agents en charge du suivi scientifique.

Les programmes de suivis scientifiques constituent l’une des priorités de l’OEC. En complément du programme réalisé avec plus d’une cinquantaine de suivis scientifiques menés depuis plus de 20 ans en régie, des actions supplémentaires peuvent être confiées à des prestataires extérieurs (des bureaux d'études, laboratoires de recherches).

A ce jour, grâce à l’action des conseils scientifiques, des chercheurs et des équipes qui ont constitués nos bases de données, près de 2 000 espèces ont été recensées dans le périmètre de la RNBB.

Un espace protégé, c’est aussi un lieu qui permet à la science d’évoluer. La biologie moléculaire à fait de nombreux progrès, les techniques liées à l’ADN environnementales également. Il faut donc des bases de références, des travaux menés par des scientifiques et unir nos forces car la biodiversité doit être maintenant mieux connue et toujours plus préservée.

Dans le cadre de l’expédition « La Planète Revisitée en Corse » soutenu par la Collectivité de Corse, le Muséum d’Histoire Naturelle s’est rapproché de l’Office de l’Environnement de la Corse, s’associant ainsi aux équipes de la Réserve Naturelle afin de mener à bien cette mission dans l’extrême sud de la Corse.

Concernant le volet marin, l'expédition a pour vocation l'échantillonnage en 2020 des algues et invertébrés benthiques (principalement crustacés et mollusques) de l'aire marine protégée des Bucchi di Bunifaziu.

Embarquement des équipes sur le Toru © Thibaut de Bettignies / MNHN Embarquement des équipes sur le Toru © Thibaut de Bettignies / MNHN
Route sur site avec les bateaux de l'Office de l'Environnement de la Corse Route sur site avec les bateaux de l'Office de l'Environnement de la Corse © Thibaut de Bettignies / MNHN
Le Portunovu et son équipage en pleine manoeuvre © Thibaut de Bettignies / MNHN Le Portunovu et son équipage en pleine manoeuvre © Thibaut de Bettignies / MNHN

La participation de l’OEC consiste essentiellement dans la mise à disposition de 4 bateaux, et de 9 gardes de la RNBB qui pilotaient et guidaient l’expédition en mer accompagnés par les agents du pôle de suivis scientifiques du service Espaces Protégés, constitué de 4 agents. Assurant prioritairement le transport du personnel et du matériel, l’équipe a également guidé les scientifiques de l’expédition sur des sites d’intérêt selon les différents milieux et espèces recherchés. Il a permis de mettre en relation de nombreux scientifiques avec les agents de notre réserve naturelle et l’expérience est déjà très enrichissante.

Les bases de données Faune Flore de la RNBB seront également implémentées de nouvelles espèces. Les expériences, les impressions à chaud des scientifiques qui ont parfois pu explorer des milieux peu étudiés par les gestionnaires et les scientifiques dans les Bucchi di Bunifaziu sont également très riches d’enseignements. Nous ne pouvons que nous en féliciter !

L'ésquipe de l'OEC.